BAMBOUREUSEMENT VOTRE
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EXPERIMENTATIONS AUTOUR DE L'UTILISATION DU BAMBOU DANS LA CONSTRUCTION A MAYOTTE
Depuis maintenant quelques semaines Likoli Dago ainsi que les acteurs locaux de la construction se penchent sérieusement sur la question de l'utilisation du bambou à Mayotte. Pour cela, diverses expérimentations sont actuellement réalisées autour de ce matériau, présent naturellement sur l'île et pour lesquelles les caractéristiques constructives et environnementales sont remarquables.
L'enjeux de cette action est de pouvoir communiquer et partager les savoir-faires ainsi la mise en oeuvre du bambou dans divers projets afin d'identifier l'intérêt de ce matériau dans la conception et la réalisation d'ouvrages architecturaux locaux.
COUPER DU BAMBOU DANS LES FÔRETS MAHORAISES :
Nous avons eu la chance de rencontrer Babali lors d'une réunion autour du matériau bambou. Charpentier de père en fils, il est un grand connaisseurs de son utilisation sur son île natale et nous propose de nous aider à réaliser cette première expérimentation de coupe dans une forêt de Chiconi.
Pour se faire, nous réunissons une équipe ainsi que le matériel adéquate pour organiser la coupe. Nous recherchons à couper des bambous d'âge moyen et de diamètres compris entre 7 et 10 cm, de longueurs variées. Ces premières exigences dimensionnelles permettent d'identifier les bouquets sur lesquels nous allons pouvoir prélever les bambous. A l'aide d'une tronçonneuse, les bambous sont coupés à leurs "racines", au pieds des bouquets puis ajuster à la longueur voulue. Cette opération de coupe va durer une semaine complète et nous récolterons plus de 300 bambous.
Photographies : Marine Guerineau
TRAITER NATURELLEMENT LE BAMBOU DANS L'EAU DE MER.
Les bambous sont transportés en bord de mer ou ils vont être groupés pour pouvoir être immergés durant quatre semaines au minimium. Cette action permet au matériau d'être traité naturellement contre les insectes originellement présents à l'intérieur, afin de pouvoir être mise en oeuvre par la suite de façon pérenne.
L'étape de l'immersion est une des phases expérimentales les plus complexes. Cette opération doit prendre en compte de multiples facteurs liés aux aléas de la mer, les conditions météorologiques, mais aussi la qualité du fagotage lui même. Nous avons donc testé plusieurs techniques jusqu'à élaborer un processus "optimal" que nous présenterons dans un prochain article.
Pour cette première expérience, nous avons commencé par perçer les bambous aux extrémités afin de permettre à l'eau de pénétrer dans les différents compartiments du bambou et assurer un traitement complet, puis fagoté et attaché ces groupes de bambous à des sacs remplis de pierre au fond de l'eau. Les fagôts seront repris, rafistolés, ajustés à de nombreuses reprises car non optimal. Une autre technique de mise à l'eau a été expérimentée, sous forme de radeaux et cette technique s'est avérée plus efficace, moins compliquée à conserver dans le temps et utilisable par les habitants de la baie comme terrain de jeu à l'image d'un ponton.
Ces différents tests et ajustements nous ont fait réaliser que ce processus de mise à l'eau doit être pensé bien au préalable et nécessite une véritable installation adaptée à la fois au site d'immersion et aux caractéristiques du matériau lui même afin de limiter les interventions et la surveillance par la suite.
Photographies : Marine Guerineau